Constructed Wetland
Description du contexte d'urgence
Kutupalong est un camp situé sur un terrain vallonné, richement pourvu en cours d’eau s’écoulant entre les collines. Les déplacés forcés du Myanmar vivent dans des abris situés à des altitudes différentes sur les collines ce qui rend la vidange des latrines difficile.
Description du processus de traitement
Le filtre planté est un processus de traitement biologique dont l’objectif est de traiter les matières fécales et les eaux usées. En premier lieu, cette unité de traitement fut construite pour permettre la séparation des fractions solides et liquides des boues fécales brutes.
Ensuite, la partie liquide s’écoule à travers des matériaux filtrant afin d’améliorer le processus de traitement avant le rejet des eaux dans le milieu naturel.
La part solide suit un traitement biologique anaérobique permettant le développement de bactéries thermophiles. La présence de la plante Cana Indica (ou d’autres plantes disponibles ayant les mêmes propriétés) facilite les processus de nitrification et de dénitrification et permet également l’élimination du nitrate contenu dans les boues fécales. L’activité bactériologique au sein du média filtrant et du foin permet la diminution de la DBO et de DCO. Le média filtrant favorise la réduction de la teneur en phosphate et la dissolution de la matière sèche.
Évaluation et conception (faisabilité)
Les boues sont transportées vers une station de transfert intermédiaire située dans les hauteurs du camp. Une fois acheminées dans cette station intermédiaire, les boues s’écoulent par gravité vers le filtre planté situé en aval. Un réseau enterré relie la station de transfert intermédiaire au filtre planté. Toutefois, la station de traitement sera bientôt démontée car elle fut installée sur une zone inondable.
Construction
Le filtre planté est localisé sur un site bordé par de l’argile. La structure ne permet pas l’étanchéité de la station de traitement ce qui génère des risques de pollution. Des murs ont été construits tout autour de la station, à une distance d’un mètre. Ils sont faits avec des coffrages métalliques (provenant des barils d’huile recyclée) et rembourrés avec de la terre. Les plans de construction de la station furent modifiés afin de permettre une meilleure résistance aux inondations.
Le site est entouré par des grillages et couvert par un toit en plastique. Les fosses infiltration sont conçues en béton avec des anneaux métalliques.
Le site de Cox’s Bazar comprend de nombreuses collines. Afin de palier aux glissements dus aux pentes, des sacs plastiques et des géotextiles ont été utilisés.
La mise en œuvre de filtres plantés requiert une expertise technique pour la sélection du site, sa préparation et son analyse, sa construction, son installation et plus encore pour son exploitation. Une expertise est également nécessaire pour le choix des plantes.
Opération et maintenance
Les boues de vidange doivent être déversées régulièrement dans le filtre planté afin d’éviter un pic de charge et permettre ainsi le développement d’un environnement favorable aux bactéries aérobiques au sein du média poreux tout en limitant les effets d’inhibition.
Actuellement, 10m3 des boues de vidange sont déversés chaque semaine dans la station. Une fois que les plantes seront acclimatées à l’environnement, la station sera en capacité de traiter une plus grande quantité de boues de vidange (15 à 20m3 par semaine).
La conception peut être revue afin d’augmenter la capacité de traitement de la station. Les boues digérées de façon aérobique s’accumulent jusqu’à ce que les filtres plantés soient pleins (pour une charge journalière de 15-20m3/ jour il faut compter 6 à 8 mois). Une fois que les filtres sont pleins, les boues digérées sont enfouies ou peuvent être utilisées pour amender le sol.
La station comprend une unité de chloration pour le traitement des lixiviats. Des doses de chlore sont utilisées une fois par semaine. Toutefois, l’efficacité de cette méthode n’a pas encore pu être démontrée.
Une équipe de dix personnes assure actuellement l’exploitation des neuf filtres qui constituent la station. Les travailleurs qui participent à la vidange, la collecte, au transport et à l’élimination des excretas sont munis d’équipements de protection individuelle afin de préserver leur santé et assurer leur sécurité.
Les plantes ont besoin d’un peu de temps pour s’acclimater à l’environnement local. Il est parfois nécessaire de les planter à plusieurs reprises lors de la phase de mise en fonctionnement de la station. Parfois, les médias filtrants peuvent être obstrués, il est alors nécessaire de les tourner et déplacer manuellement.
Leçon apprise
La station sera bientôt déplacée car elle installée sur une zone inondable.
Les contextes où cette technologie est adaptée :
- Un traitement décentralisé avec des unités pouvant traiter 35m2/jour
- Une collecte mécanique et un transport des boues par gravité
- Un terrain plat pourvu d’une station de transfert intermédiaire reliée à un réseau de collecte
- Une expertise technique existe pour la mise en service et l’exploitation du filtre planté
Les contextes où cette technologie n’est pas adaptée :
- Lorsqu’il n’est pas possible de moduler la station pour qu’elle s’adapte aux contraintes locales
- Dans une zone inondable ou dans des zones propices aux glissements de terrain
- Dans les zones où les eaux de surface ruissèlent dans la station
- Les capacités techniques sont inadaptées pour la mise en service et l’exploitation des filtres plantés.
Forces
- Le système peut être mise en œuvre immédiatement
- Une station décentralisée dont la conception est simple et requiert peu de maintenance
- Une empreinte au sol limitée
- La structure n’est pas permanente
- Permet la vidange immédiate des toilettes
- Inclut la minéralisation finale des boues dans un lit planté
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